Maquette d’instruction d’un vaisseau du XVIII ème siècle

 

Epoque:  Conçu avant 1800
Style: Autre style
Etat: Très Bon état général
Matière: 4 essences de bois
Longueur: H 57 cm – L. 71 cm

Référence (ID):

Maquette d’instruction d’un vaisseau en bois naturel, coque et gréement en acajou, bouteilles (toilettes des officiers), château et proue en acacia, buis et ébène, liston en laiton.

Cette maquette était si parfaite qu’elle servait pour l’instruction des officiers de la Marine Royale. .

Ces différentes essences faisant ressortir les sculptures et motifs sans ajout de peinture

La carène se sépare en quatre parties horizontales :

  • Deux majeures au niveau de la flottaison
  • Deux autres correspondant à la batterie et au pont inférieur

La coque est percée pour 100 canons dont 18 à barbette et deux de fuite. L’ensemble est très riche en détails, gréement comme accastillage et aménagements

Cette pièce est unique.

Note historique : Au 18 ème siècle, les élèves des écoles de la marine devaient apprendre les termes et les manœuvres propres aux bateaux et à leur bonne marche.
Sur les grands voiliers, la masse d’informations qu’il leur fallait mémoriser était impressionnante. Ils avaient, bien sûr, des livres et autres traités illustrés de plans et schémas, mais les écoles disposaient aussi en salle de cours de maquettes dites « d’instruction » pour les aider dans cette démarche.
Elles étaient l’équivalent des cartes et globes pour les cours de géographie et des squelettes pour les cours d’anatomie.

Henri-Louis Duhamel du Monceau (1700-1782) est inspecteur de la marine depuis 1739. À ce poste, il a réuni une importante collection de modèles de vaisseaux et de machines portuaires qui formeront le noyau de ce qui deviendra le Musée de la Marine. En 1741, il fonde l’École de Paris (qui deviendra plus tard l’École du Génie Maritime) qui permet à des élèves constructeurs sélectionnés dans les ports de recevoir durant trois ans un enseignement scientifique déterminant pour l’évolution de ce corps. C’est pour la formation de ces élèves qu’il rédige son traité de construction.

Duhamel du Monceau n’est pas un praticien mais il sait parfaitement organiser le sujet de manière pédagogique ; le texte de l’ouvrage est clair et complété de nombreuses illustrations. Il a permis de faire sauter le verrou de la confidentialité en matière de construction navale en mettant à jour les « secrets » des constructeurs jusque-là jalousement protégés. (Sources Musée de la Marine de Paris)

En 1765, Nicolas-Marie Ozanne (1728-1811), dessinateur, graveur, constructeur et ingénieur de marine est chargé d’un « service extraordinaire » à Versailles. Il est responsable de l’entretien du modèle de l’Artésien.

Quelques années plus tard, en 1769, il est appelé à dispenser un enseignement maritime aux enfants royaux, petits fils de Louis XV, et futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X. L’enseignement d’Ozanne porte sur trois grands domaines : la construction navale, la manœuvre et la tactique, l’histoire maritime de la France et de ses arsenaux. Pour la partie théorique de ses cours, il s’appuie sur des manuscrits tels que ces albums de plans. Il complète la théorie par la pratique et utilise pour ce faire des modèles pédagogiques, tel celui de l’Artésien. (Sources Musée de la Marine de Paris)

Les vaisseaux et autres bâtiments des 18ème et 19ème siècles étaient aussi somptueux que couteux, les maquettes l’étaient, toutes proportions gardées, tout autant.
Durant cette période, elles eurent une particularité qui découlait des spécificités propres aux techniques de construction des bateaux de l’époque. En effet, les pièces de bois en grand nombre, de grande taille et aux formes particulières qu’il fallait pour construire les coques nécessitait d’en faire un inventaire et un relevé très précis et ce pour chacune d’entre elles. C’est ce que permettaient de réaliser les maquettes d’arsenal qui était construites, dans les moindres détails de structure, à l’identique des bâtiments de taille réelle.

A l’origine de la fabrication de cette maquette :

En 1770, Bourgeois de Boynes, qui reprend le flambeau de la réforme après la disgrâce de Choiseul, veut améliorer la formation des officiers de Marine en renforçant leur niveau pratique : « On ne peut jamais bien faire exécuter les choses qu’autant qu’on les sait parfaitement soi-même ; c’est en pratiquant que l’on acquiert les bonnes connaissances, moyens sûrs pour former de vrai marins et surtout en les assujettissant dans le commencement à des choses dures et pénibles », déclare le ministre. Il décide de les former en même temps à partir des maquettes d’instruction et des théories livresques délivrées en « salles » dans les gardes marines de Toulon, Brest et Rochefort, et comme les marins britanniques, à la mer, et sur deux bâtiments d’instruction destinés à cet usage pédagogique : l’Espiègle et l’Hirondelle. Partant du constat que lors du règne de Louis XIV ce sont les ports de commerce qui avaient donné les officiers les plus illustres, il décide d’établir la nouvelle Ecole Royale de la Marine du Havre.

C’est probablement de cette école que provient cette maquette d’instruction.

Provenance :

Vente par l’étude De Baecque à Drouot – Paris, le 16 mars 2016. Collection particulière d’un marin, amateur d’arts et de Marine (ancien vice-amiral de la Royale)

Expert : Bruno PETIT-COLLOT